Le 18 décembre s’est tenu la Journée Internationale des Migrants (JIM). A cette occasion, le président de l’association e-graine Ile-de-France Sébastien Fontagneu a participé à une table ronde sur le thème: 

 « Artistes et activistes : mêmes causes, mêmes combats? Vers un plaidoyer commun? ». 

Il était invité par le Musée National de l’Histoire de l’Immigration aux côtés de Philippe Rey, éditeur du recueil « Refusons l’inhumain ! Les écrivains aux côtés des migrants », Marie Hénocq, déléguée nationale en région Bretagne Pays de Loire de la CIMADE, Jacques Ould Aoudia, vice-président de Migrations & Développement, Justine Stievenard, Cheffe de Projet chez GRDR Migration Citoyenneté Développement, KAK, président de l’association Cartooning for Peace, Claire Rodier, directrice du GISTI, et d’un représentant du FORIM. La modération était quant à elle assurée par la journaliste et productrice à France Culture Nora Hamadi.

Un mois plus tard, nous avons voulu recueillir ses impressions sur cet évènement important du calendrier international sur les migrations. Nous lui avons posé trois questions retranscrites ci-dessous: ses réponses illustrent la démarche d’e-graine et de son programme coopératif d’éducation aux migrations “Un univers citoyen”.

 

En quelques mots, quel est ton ressenti sur cette table ronde du 18 décembre ?

Sébastien Fontagneu: Il me faut tout d’abord au nom d’e-graine remercier le MNHI pour son invitation à cette table ronde. Nous avons déjà participé à leur programmation lors de la JIM les années précédentes, mais cette année le Musée nous a fait confiance pour intervenir lors d’une table ronde. C’est le signe qu’e-graine et son engagement sur le sujet de l’éducation aux migrations sont reconnus, et qu’au travers du programme Un univers citoyen nous faisons partie des interlocuteurs légitimes à s’exprimer sur la thématique.

Mon ressenti sur cette table ronde est extrêmement positif, il est agréable de pouvoir s’exprimer dans un tel cadre et dans un débat qui est bien modéré de bout en bout. Les intervenants partagent le même engagement, ils se complètent parfaitement en parlant chacun de leur point de vue et cela donne de la matière au public pour réfléchir à comment un panel d’acteurs peut coopérer et agir autour d’une même cause.

 

Quel est le message clé que tu as voulu faire passer pour cette Journée Internationale des Migrants ?

Sébastien Fontagneu: Le message clé que j’ai souhaité passer, notamment à ceux qui ne connaissent pas particulièrement bien l’éducation populaire, c’est que la relation entre l’éducation populaire et l’art est ancienne et systémique. Elle fait partie intégrante des dispositifs que déploie e-graine dans le cadre de l’éducation aux migrations. 

En effet, l’ensemble de nos dispositifs s’emploie à nourrir le sens critique des jeunes et citoyens auprès desquels nous intervenons en ayant comme point de départ : les connaissances et représentations qu’ils ont des enjeux des migrations. Il s’agit ainsi de mettre nos publics au cœur de leurs apprentissages. Nous le savons, les migrations sont l’objet de représentations très éloignées des réalités et on entend à leur sujet beaucoup d’idées fausses. Il s’agit d’un sujet sensible, puisqu’il touche des êtres Humains de chair et de sang, pas des statistiques et des chiffres, et des parcours individuels, non des étiquettes qui catégorisent et réduisent. C’est pourquoi nous avons à cœur de conjuguer des apports théoriques avec des rencontres. N’est-il pas remarquable, par exemple, que de nombreuses personnes qui ont des idées très arrêtées au sujet des migrants n’aient que rarement eu l’occasion d’échanger avec ces derniers ?  Nous avons donc constaté que bien souvent, l’art est un levier de facilitation pour l’expression et la pédagogie. Il permet de convoquer le sensible et l’intime dans un cadre sécurisant, nous ramenant ainsi à notre humanité commune !

En bref, notre impact se renforce lorsque l’on convoque l’art sous toutes ses formes !

   

Quelle était la plus-value de la perspective d’e-graine par rapport aux autres organismes présents à la table ronde ?

Sébastien Fontagneu: La diversité des acteurs, nous la connaissons déjà chez e-graine puisqu’Un univers citoyen est un programme qui est pensé depuis sa création sous le prisme de la coopération. Mais l’exercice de la table ronde a ceci d’intéressant qu’on donne à voir cette dernière au public. Cela rend les choses plus concrètes. Nous avons tous le même engagement, faire changer le regard sur les migrations et faire réfléchir aux préjugés sur les migrants, chacun à notre manière, et l’art joue pour nous un rôle important en rendant les choses sensibles. Notre plus-value, c’est que nous le faisons vivre sur le terrain avec l’approche qui est la nôtre : l’éducation à la citoyenneté mondiale.